lundi 2 août 2010

Autodafé

Dans son livre « Mémoire du Feu », Eduardo Galeano (1) retrace en chapitres très courts la vie et le destin des personnages qui ont jalonné la conquête de l’Amérique du Sud, des vainqueurs et des vaincus (les premiers devenant souvent pour un temps les seconds !), et leurs fins souvent tragiques.

Ce matin, je me suis arrêté sur le Guatemala, ce petit pays qui fut jadis si grand par sa culture.

En voici des extraits :

Frère Diego de Landa jette dans les flammes, l’un après l’autre, les livres des Mayas (….) Autour du bûcher les hérétiques hurlent la tête en bas (…). tandis que le brasier grandit et que les livres grésillent, comme s’ils se plaignaient. Ce soir, huit siècles de littérature maya se changent en cendres. Dans ces longs plis (2) aux feuillets d’écorce, les signes et les images parlaient : ils racontaient les travaux et les jours, les rêves et les guerres d’un peuple né avant le Christ. Avec des pinceaux de soie de sanglier, ceux qui possédaient les secrets des choses avaient peints ces livres éclairés et éclairants pour que leurs arrières-arrière-petits-enfants ne soient pas aveugles et sachent voir leur présent et voir l’histoire des leurs, pour qu’ils connaissent le mouvement des étoiles, la fréquence des éclipses et s prophéties des dieux (…).

Pendant ce temps, les auteurs, artistes-prêtres morts voilà des années ou voilà des siècles, boivent du chocolat à l’ombre fraîche (…) La paix est avec eux car ils sont morts en sachant qu’on ne détruit pas par le feu la mémoire (…) La mémoire se réfugie dans les bouches qui chantent les louanges des hommes et des dieux, des chants que les gens se transmettent….

Le thème de la germination dans le Codex de Dresde.

Et ils avaient raison et j’en ai la preuve quand je regarde tous les tissages de notre collection de vêtements mayas : tout a été transmis !!

Alors, qui était le véritable hérétique ?


(1) Ecrivain et journaliste uruguayen (1940)
(2) il s’agit des codex, les manuscrits mayas, qui étaient pliés en accordéon. Il n’en reste que trois, déposés à Dresde, à Madrid et à Paris. Un 4ème est en cours d’authentification.

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