samedi 4 octobre 2008

Le Monde Diplomatique », version brésilienne qui n’a rien à envier à son homologue français par la qualité de ses articles, consacrait le mois dernier deux pages à un fameurx écrivain argentin sous le titre de « Cortazar, o magico ».
Souvenirs, souvenirs..

Nous avons eu le privilège, jadis de rencontrer Julio Cortazar . Ou plutôt, c’est lui qui est venu à notre encontre. En 1973, durant notre période antiboise, est arrivé un jour un couple visiter notre galerie. Devant leur intérêt, je leur ai conseillé de monter à l’étage où nous avions notre collection personnelle. Occupée avec d’autres personnes, je me suis soudain rappelée que je n’avais pas vu repasser nos visiteurs. J’ai retrouvé Cortazar (car c’était lui avec son épouse) devant les lithographies de son compatriote,notre ami Ricardo Carpani qu’il connaissait personnellement. J’ai appelé mon demi-argentin de mari et un ami d’origine espagnole qui passait par là, et que pensez-vous qui se passa ? Ils parlèrent, parlèrent.. tant et si bien que nous nous sommes retrouvés sous la treille du jardin à partager le plat de spaghetti et le petit rosé du Var.
Photographie extrait du "Monde Diplomatique Brasil" (août 2008)

Né à Bruxelles en 1914 (par hasard, disait-il, car son père travaillait à la légation argentine de cette ville) le jour du premier bombardement allemand , la famille, grâce à la neutralité de l’Argentine dans ce conflit, partit pour la Suisse puis pour Barcelone, et regagna Buenos Aires dès la fin de la guerre. Enseignant, plus tard professeur de littérature française, il publie poésie, essais et nouvelles. Opposé au régime de Peron., il s’exile à Paris en 1951. Nombreuses publications chez Gallimard, Acte-Sud, etc ;..
Mais il n’oublie jamais ses origines, militant dans tous les combats qui secouent le continent sud-américain : Cuba, Nicaragua - il est très ami du poète-curé Ernesto Cardenal, une des principales figures du Front Sandiniste et l'un des fondateurs de la Théologie de la Libération (1) - et plus tard contre les dictatures militaires qui surgissent en Uruguay, au Chili et dans son pays, l’Argentine.
Portrait de Julio Cortazar par le peintre argentin Ricardo CARPANI

Une quinzaine de jours après son passage à Art-Club, nous est arrivé un petit paquet contenant trois livres : deux en espagnol, dédicacés à Yvan et un recueil de nouvelles (fantastiques et glaçantes) traduites en français qui m’était destiné avec ce petit mot : « Chère Monique, voilà quelques nouvelles qui t’expliqueront peut-être mon goût pour une certaine peinture. Avec l’amitié de Julio Cortazar »Cet Argentin meurt Français en 1984, la nationalité française lui ayant été accordée (après 30 ans de résidence!!) par le Président Mitterrand au cours d’une cérémonie officielle à l’Elysée, en même temps qu’à Milan Kundera, cet autre exilé.

Il repose au cimetière Montparnasse – comme le fameux poète péruvien Cesar Vallejo - aux côtés de sa troisième épouse, Carole Dunlop, écrivaine canadienne décédée à 35 ans, deux ans avant lui.

(1) Que nous avons également rencontré au cours d’une conférence à Paris il y a quelques années.

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